Gerben Karstens: 14 étapes de la Vuelta pour un inoubliable clown

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Le cyclisme est aujourd'hui un sport mondialisé, gouverné par d'énormes enjeux financiers, où le sérieux et le professionnalisme sont de rigueur. Mais il fût un temps où le folklore, les plaisanteries de dortoirs et les facéties gratuites avaient encore leur place dans le peloton. Parfait représentant de cette époque désormais révolue, voici Gerben Karstens, le coureur le plus cinglé (et le plus attachant?) de l'histoire du cyclisme. Un clown doté d'un incroyable palmarès...
 

De Tagtik

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Vous voulez vous faire une idée objective de la valeur d'un coureur? Lui donner la place qu'il mérite dans l'Histoire du vélo? Additionnez ses victoires dans les trois grands tours (Tour de France, Giro et Vuelta) et le total que vous obtiendrez vous donnera l'exacte mesure de la trace qu'il a laissée dans les palmarès.

Pour Gerben Karstens, un sprinter hollandais aujourd'hui largement oublié, actif de 1965 à 1978, le compteur s'est arrêté à 21. C'est nettement moins que Merckx (64), Cipollini (57) ou Cavendish (52), qui trônent en tête de ce classement. Mais 21 victoires, c'est presqu'autant que le légendaire Rik Van Steenbergen et Laurent Jalabert (25 victoires chacun), l'immense Roger De Vlaeminck (24) ou le très respecté Maître Jacques Anquetil (23).

Un des plus grands chasseurs d'étapes de l'histoire

Marcel Kittel (19)? Peter Sagan (18)? Alejandro Valverde (17)? Walter Godefroot (13)? Eddy Planckaert (13)? Philippe Gilbert (11)? Aucun de ces champions ne peut se vanter d'appartenir, comme Gerben Karstens, au top 20 de ce classement des plus grands chasseurs d'étapes de l'Histoire. 14 succès sur la Vuelta, 6 victoires sur le Tour et 1 sprint victorieux au Vigorelli de Milan lors de sa seule participation au Giro, c'est du lourd, du respectable, du palpable, de l'incontestable...

Un palmarès enviable

Bien sûr, une carrière ne se résume pas aux bouquets partiels décrochés sur les grands tours et la comparaison s'arrête là. Gerben Karstens, fils d'un notaire de Leyde, né en 1942, était nettement moins performant sur les classiques. S'il a remporté Paris-Tours en 1965, il a également franchi la ligne en premier lors du Tour de Lombardie 1969 (déclassé au profit de notre compatriote Jempi Monseré, qui allait mourir en course quelques mois plus tard). Le 18 juillet 1976, il conquiert son graal en devenant le premier Néerlandais à s'imposer au sprint sur les Champs-Elysées en attaquant dans la rue de Rivoli, pour déstabiliser le grand Freddy Maertens, lui-même vainqueur de huit étapes sur ce Tour-là. Vainqueur d'étape(s) sur le Tour de l'Avenir (1964), le Dauphiné (1966), le Tour de Suisse (1967, 1971, 1972), Champion des Pays-Bas (1966), Gerben Karstens compte également à son palmarès un feu d'artifice de places d'honneur : deuxième du Tour de Lombardie, derrière Tom Simpson (1965), deuxième de Milan - San Remo (1970) et deuxième de l'Amstel (1971). Il est également sacré champion olympique du contre-la-montre par équipes en 1964, à Tokyo. Beaucoup s'en contenteraient...

Un bouc émissaire idéal

Le palmarès de Gerben Karstens aurait-il pu être plus impressionnant encore? Peut-être... Car Karstens, peu réputé pour son sérieux, a aussi forgé sa légende dans la marge et les anecdotes du vélo. Très doué pour les plaisanteries et les frasques en tous genres, il a souvent été la cible des commissaires et des jurys. Connu pour être le 'clown du peloton', il fait aussi un bouc émissaire parfait. En 1973, sur le Giro, il est (injustement?) privé d'une première victoire d'étape sur tapis vert et sur réclamation de Marino Basso. Son tort? Avoir joué des coudes et des mains dans l'emballage final mais, surtout, ne pas avoir un passeport italien... Maillot Jaune en 1974

Lors de la Grande Boucle 1974, cet incorrigible et éternel adolescent termine deuxième de la quatrième étape derrière Patrick Sercu avant d'oublier de se présenter au contrôle anti-dopage. Pris par les interviews à l'arrivée, il avait complètement oublié cette petite formalité... Ne trouvant plus de commissaire pour procéder au contrôle, il écope de 10 minutes de pénalité au général. Mais, aussi populaire auprès de ses collègues qu'impopulaire aux yeux des organisateurs, le peloton prend fait et cause pour Karstens qui est reclassé. Le lendemain, il s'empare du maillot jaune, dépossédant Merckx himself de la précieuse tunique.

Frasques à répétition

"On l'appelait 'le Karst' et il n'en ratait jamais une. Son jeu favori, c'était de récupérer des cônes de circulation sur le bord de la chaussée et de s'en servir comme chapeau tout en roulant. Mais ça ne plaisait pas aux organisateurs. Le soir, sur les communiqués, on voyait souvent son nom dans la colonne des amendes pour comportement incorrect", se souvenait Joseph Bruyère, interrogé par l'équipe en 2017. Grimper sur les épaules d'un coéquipier, rouler avec les accessoires les plus divers, arracher le top du bikini d'une spectatrice, tenter de barrer la route au peloton, écumer les cafés sur le parcours, Gerben Karstens aura été sans conteste le plus grand amuseur de l'histoire du cyclisme.

Pour se convaincre de la douce folie du personnage, il suffit de feuilleter ensemble l'album-photo ci-dessous. Certaines images se passent de commentaires. Mais elles n'auraient plus leur place dans le cyclisme aseptisé d'aujourd'hui..

(LpR/Picture : Photo news )

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