Interview avec Marka, à l’affiche de la nouvelle série belge 'Fils De'

La série 'Fils de’ est une épopée urbaine et mythologique belge. Cette histoire, inspirée de faits réels, commence à Bruxelles. C’est le récit d’un père gangster, Franck Pistone, parti en cavale pendant 17 ans après avoir réussi le casse du siècle, il revient à Bruxelles pour se réconcilier avec ses enfants car il sent que sa fin est proche. Ce retour déclenche une dangereuse chasse au trésor - une pile de diamants - dans la jungle urbaine : Bruxelles. Dans la série, c’est Marka qui incarne le gangster Frank Pistone, une première pour le chanteur, qui a pris goût au métier d’acteur. 

Comment est-ce que le projet s’est fait ? Vous aviez une volonté de jouer dans une série ?

Marka: "J’ai reçu un coup de fil d’Antoine Négrevergne, un des auteurs, qui avait pensé à moi pour un rôle. Au début je lui ai répondu qu’il s’était trompé, que ce n’était pas moi le comédien dans la famille, mais il a insisté et on s’est rencontré. Au départ, je n'étais pas chaud parce que je n’ai jamais rêvé de faire du cinéma. Ma femme est comédienne, donc je sais ce que c’est, mais j’avais peur qu’on me dise de venir faire un essai et puis qu’on ne me rappelle plus. Ca m’est déjà arrivé deux fois et j’en garde un mauvais souvenir. Mais ma femme et ma fille m’ont convaincu d’essayer, c’est vrai que je n’avais rien à perdre. Après un premier casting qui s’est bien passé, ils ont demandé à me revoir, mais ils m’ont demandé de suivre quelques cours de coaching. C’est avec ces séances de coaching que je me suis pris au jeu, je comprenais ce que me disaient les mecs, ce qu’ils attendaient de moi, ce n’est pas toujours évident dans ce métier. Ensuite, j’ai repassé un test, où j’ai joué un type énervé, de nouveau sur les conseils de ma femme. Je me suis lâché et c’est là qu’ils ont dit: Ok, tu vas le faire !"

C’est un métier, vous avez parfois eu peur ? 

Marka: "Quand j’ai été pris, j’ai quand même un peu flippé. Je me rappelle que la veille du premier jour de tournage, les scénaristes avaient tout changé, et moi j’avais appris tous les dialogues. Je déteste apprendre par coeur, ça me demande vraiment beaucoup d’énergie, et ils me disent le jour d’avant qu’ils modifiaient plein de trucs ! Mais ils m’ont rassuré et ils m’ont aussi laissé assez de liberté dans les dialogues, on n’était pas à la virgule près, comme au théâtre par exemple."

Dans la série vous interprétez un ancien gangster, comment avez-vous abordé le personnage ? Vous avez des sources d’inspiration ?

Marka: "Déjà, jouer un gangster, c’était agréable. Ensuite, on m’a demandé de ne pas trop en faire. Assez bizarrement, j’avais Jean-Pierre Bacri en tête, alors que je ne joue pas du tout comme lui. Et quand on parle de gangster, on pense à des films américains comme 'Scarface’, même si évidemment ça je ne pouvais pas faire, mais j’essayais de prendre des petites références par-ci par-là. Et j’ai un petit avantage, c’est que si je ne souris pas, je n’ai pas une tête sympathique, qui peut facilement faire comprendre « il ne faut pas m’emmerder ». Mais de manière générale, et c’est là qu’on voit que le réalisateur est précieux, on a vite trouvé le ton qui convenait, il me prenait à part et on en parlait, c’était assez simple en fait."

Vous avez déjà vu le résultat ?

Marka: "Oui, j’ai vu trois épisodes, et quand je me suis vu, je n’ai pas eu honte, ensuite on verra ce que le public en pense, mais je suis satisfait de ma performance. Je pense que c’est en grande partie parce que le réalisateur savait ce qu’il voulait, et qu’il savait ce que j’étais capable de faire."

Acteur, c’est évidemment un autre métier, mais est-ce que votre expérience dans la musique a pu vous servir sur le tournage de ‘Fils De’ ?

Marka: "Oui bien sûr, je suis déjà habitué à la caméra, avec les clips que j’ai fait, ça fait quarante ans que je fais des télés aussi. Il y a le rapport à la scène, quand on est chanteur, on est déjà un peu acteur par la force des choses. Ensuite, je pense que c’est surtout arrivé au bon moment, si on m’avait demandé de jouer dans une série il y a dix ans, je n’aurais pas été capable de le faire. Je ne sais pas vraiment expliquer pourquoi, c’est comme ça." 

La musique joue aussi un rôle important dans la série, est-ce que vous écoutez du rap, du hip-hop ?

Marka: "J’en entends, mais je n’en écoute pas. Quand j’étais jeune j’écoutais beaucoup de rap, mais c’était tout au début, donc on parle de Grandmaster Flash and the Furious Five, LL Cool J, les Beastie Boys, etc. Et puis le rap a changé et je n’ai plus vraiment suivi, sauf quand Roméo me fait découvrir de nouveaux trucs. Mais quand j’ai écouté la musique de la série, j’ai compris que ce n’était pas de la musique comme moi j’en fais, c’est de la musique comme les jeunes en font, et ça se tient, on retrouve bien le côté urbain et bruxellois d’aujourd’hui. C’est bien pour ça que la série va passer sur Tipik, ça va plaire aux jeunes. Je trouve bien vu le fait de mettre en avant un rappeur différent dans chaque épisode."

Vous êtes Bruxellois, comme la majorité du casting d’ailleurs, c’était important de parler de Bruxelles ?

Marka: "J’ai vécu à Molenbeek jusqu’à mes 20 ans, donc oui j’y suis attaché, et j’aime bien la façon dont ils ont filmé Bruxelles, il y a beaucoup de beaux plans. Rien que le générique est splendide. C’est en effet un casting majoritairement composé de Bruxellois, et je dirais même des Bruxellois d’aujourd’hui, pas que des blancs comme à mon époque, aujourd’hui il y a la génération des Marocains, des Blacks, etc."

Quel est votre meilleur souvenir de tournage ? 

Marka: "Dans la série, au début de l’histoire, il y a un moment ou j’engueule mon fils, et je me suis vraiment fâché, comme je pouvais me fâcher sur Roméo quand il était jeune, j’ai eu des frissons. Et là je me suis dit que j’étais au plus juste pour moi, j’ai senti le métier grandir, je me sentais bien. Il y a aussi le moment ou j’ai joué avec Béatrice Dalle. Elle a 90 films à son compteur, moi c’est ma première expérience. Je me souviens d’elle quand j’avais 20 ans, et là elle était en face de moi, c’était complètement irréel."

Vous pourriez imaginer une carrière de comédien ? 

Marka: "Naturellement, j’y ai pris gout, et je me dis que ce serait chouette de jouer dans d’autres projets. Mais est-ce que je vais être capable d’en faire d’autres ? Je n’en sais rien, j’ai su jouer ce rôle-ci, qui est assez neutre, effectivement c’était chouette de faire un gangster. Mais c’est un rôle qui n’est pas drôle par contre, je suis d’une nature assez comique, j’aime bien faire le con, ça me plairait bien la prochaine fois de faire un personnage moins sérieux par exemple. On verra bien, mais dans tous les cas c’était une chouette expérience."

Actuellement, vous travaillez sur quoi ?

Marka: "Dernièrement j’ai fait la musique du dernier film de Jan Bucquoy, 'La dernière tentation des Belges’. Sinon là je suis en studio, j’ai un album qui va sortir en octobre. Je fais les Francofolies de Spa cet été, et une tournée en Belgique. Je fête aussi mes 60 ans avec un an de retard à cause du covid, j’ai prévu un gros concert à l’Ancienne Belgique le 27 mai où je fais venir toute ma famille. Aujourd’hui, je me concentre uniquement sur mes albums et mes concerts. J’espère encore faire de la musique de film et pourquoi pas, si on m’appelle, vivre une autre expérience de comédien. Vous allez me dire, c’est déjà pas mal !"

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