Valentin Moniquet, le Belge qui prend soin des stars à Oklahoma City

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Sur les parquets NBA, Toumani Camara porte haut les couleurs de la Belgique depuis quelques semaines du côté de Portland. Mais il n’est pas notre seul compatriote dans la Grande Ligue. Du côté d’Oklahoma City, dans l’ombre des stars, on retrouve Valentin Moniquet, frère de Sylvain, cycliste professionnel, qui a su saisir sa chance pour arriver au sommet du basket. Rencontre.

De Pickx

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Bonjour Valentin ! Peux-tu d’abord te présenter?

Valentin Moniquet : "J’ai obtenu mon diplôme de kiné en 2017 à la Haute Ecole de la Province de Liège. La première expérience que j'ai eu avec le basket, c’est lors du dernier stage de mon cursus. J'ai envoyé pas mal de mails et j'ai eu la chance de pouvoir aller à l’ASVEL. Donc c'est là que j'ai su que je voulais travailler dans le basket de haut niveau.

J'ai joué au basket toute ma jeunesse, j'avais la passion du basket. Mais aimer le basket et travailler, ce sont deux choses différentes. Ensuite, j’ai travaillé dans mon cabinet, avec mon papa qui est kiné aussi, de 2017 à 2021. En même temps j'étais consultant pour l'équipe cycliste Wanty Gobert. J'aimais bien plus le fait de voyager que vraiment les responsabilités que j'avais dans ce job. Et mon idée, c'était vraiment de retourner dans le basket.

Et donc la Covid est arrivée, et post-Covid j'ai eu la chance de pouvoir aller à l'Université de l’Iowa. Pour un job, on va dire, vraiment d’entrée, au plus bas de l'échelle, comme préparateur physique, parce que mon diplôme de kiné n'était pas encore reconnu. Gros sacrifice financier, gros sacrifice familial. C’était un peu le coup de "Je donne tout et on va voir. Si je reste six mois, je reste six mois. Je reste deux ans, je reste deux ans..."

Le début de l’aventure…

V.M. : "J’y ai passé un an. Pour la petite histoire, j'ai eu la chance de travailler avec Kris Murray (NDLR: équipier de Toumani Camara à Portland), Keegan Murray, joueur des Kings, et surtout le phénomène de maintenant chez les dames, Caitlin Clark, avec l'équipe féminine. Je suis arrivé, je pense, au meilleur moment dans l'histoire du basket de l'Université de l'Iowa.

L’équipe féminine est classée deuxième du pays, donc c'est vraiment du haut niveau. Mon boss m'a fait un peu comprendre. Il a été le le déclic, que la NBA ne devait plus être un rêve mais un objectif. Si je continuais dans cette direction, avec la rigueur de travail que j'avais, dans l'attention aux détails que j'avais, ça allait arriver dans le futur. Mais je ne pensais pas que ça allait arriver aussi rapidement."

Comment passer de l'Université à la NBA?

V.M. : "La franchise d'OKC a ouvert un poste au mois de janvier 2023. J’ai postulé. Aux Etats-Unis, il n’y a pas de piston ou de copinage comme en Belgique. Il y a une offre obligatoire. Je postule plus dans l'optique d'avoir un contact avec une équipe NBA. J'étais bien où j'étais, je n'avais pas forcément envie de partir. Je suis retenu pour le premier entretien. J'étais prêt à ne pas répondre, parce que je voulais rester où j'étais, j'aimais bien l'endroit. Mais j’y vais quand même, ça va être chouette d’échanger. Tout se passe bien. Je n'avais rien préparé, j'étais juste moi-même. De nouveau, parce que je ne m'étais mis aucune pression par rapport à ça. Donc j'ai juste plus parlé de mon expérience, de qui je suis."

L’élu parmi plus de 400 candidats 

Et la suite ? 

V.M. : "Deux ou trois jours après, j'ai reçu une nouvelle, comme quoi le chef des kinés et préparateurs physiques voulait m'appeler. Il m'appelle, on parle un peu, et là, directement, il m'annonce qu'ils ont reçu 450 candidatures. Il me fait directement comprendre que je pouvais avoir le job. Il ne me le dit pas, mais moi j'avais très bien compris. Il me dit, "est-ce que dans une semaine et demie, tu peux venir? On te paye le vol à toi et à ta compagne, vous venez à Oklahoma City deux jours, on fait un entretien en personne, on t'invite pour le match face aux Suns de Kevin Durant. Après, tu vois si tu aimes bien l'endroit et si tu veux travailler ici." Quand il a dit ça, j'avais compris qu'à 95%, j'avais le job. Je viens, tout se passe bien, mais…"

Mais ? Il y a eu un souci? 

V.M. : "Je retourne dans l’Iowa, plus de nouvelles... Un mois et demi, toutes les semaines, on me faisait patienter. Ca a traîné jusqu'au mois d’avril. J'avais un peu oublié l'idée. Et puis, une de mes cheffes actuelles me sonne. C'était un jeudi. Elle me dit "est-ce que tu sais être là, est-ce que tu sais commencer ici lundi ?"

J'ai tout de suite compris que ce n'était pas négociable, et que je risquais peut-être de perdre le job si je disais non. J'ai dû prévenir mon ancien employeur à la dernière minute que je partais. L'avantage, c'est qu'aux États-Unis, ils sont très compréhensifs, ils te lâchent. Quand ils savent que c'est quelque chose de mieux pour toi, ils te laissent. Donc 22 heures de route, je le fais en deux jours, j'arrive dans la ville et lundi, je commence. Mon appart était prêt. C’est du très haut niveau en termes d'organisation, il n'y a jamais eu d'interrogation par rapport au fait de quand je commence, horaire, tout est clair, précis, net, et c'est ça qui fait la grosse différence en NBA."

Comment se déroulent les premiers jours ? 

V.M. : "Ca m'a fait quelque chose de voir le logo NBA sur le parquet, de prendre une balle, de shooter sur le terrain, avoir les vêtements Thunder. Maintenant, j'étais habitué par rapport aux infrastructures. À l’Université, ils ont des magnifiques infrastructures aussi. Mais c'est seulement quand la saison a commencé ici, fin octobre, que je me suis rendu compte de ce qu’il se passe. Pendant l’été, j’ai voyagé, beaucoup, pour aller voir des joueurs à gauche, à droite, mais c'est seulement ici, quand la saison a commencé, que je me suis rendu compte que j'étais en NBA."

Quelles sont tes missions au quotidien ? 

V.M. : "Je suis préparateur physique/kiné, c'est un poste hybride. Mon rôle est de faire en sorte que les joueurs restent sains, ça c'est le premier objectif. Quand ils sont malheureusement blessés, faire en sorte qu'ils ne reviennent pas forcément le plus rapidement possible, mais qu'ils reviennent sur le terrain sans risque de re-blessure. Cela peut prendre un peu plus de temps.

J'ai aussi un rôle assez important au niveau du coaching staff, coach, assistant coach et manager. Je suis responsable de leur bien-être physique et mental. On oublie que les coachs ont autant, voire plus, de contraintes que les joueurs, et mentalement une saison c'est long. Il y a des trajets, des décalages horaires, donc moi je dois mettre en place des routines de récupération, de sommeil, des exercices physiques, notamment pour le coach Marc Daigneault, ses assistants coachs et le General Manager, Sam Presti. Quand ils doivent parler à quelqu'un, c'est à moi. Quand ils ont besoin de conseils, de plans d'entraînement entre les voyages, c'est vers moi qu'ils doivent se tourner.

C'est une casquette un peu spéciale, mais c'est une casquette tout aussi importante, car je suis très proche des gens très influents dans le milieu, donc j'aime vraiment bien ce poste. Ca me permet vraiment d'échanger avec eux, et de créer une relation de confiance. Des coachs NBA, il n'y en a que 30 dans le monde, comme les GM. Si tu fais du bon travail, ces gens vont t'aider à percer."

Des gars simples

Comment se sont passés tes premiers contacts avec les joueurs? 

V.M. : "Cela reste des gens normaux, avec la tête bien sur les épaules. C'est marrant parce que les premières rencontres avec certains joueurs, je ne veux pas citer leur nom, mais certains des meilleurs joueurs de l'équipe, connus mondialement, viennent près de moi en me disant leur prénom, en se présentant, en me disant "Bonjour, mon prénom c'est…"Et en moi-même, je suis là, "je te connais très bien et ça fait des années que je connais ton nom et tout sur toi. Donc c'est bien la preuve que ça reste des gens assez normaux par rapport à ce niveau-là."

Après un mois, tu t’es fait à la routine NBA, les déplacements, l’enchainement des matches? 

V.M. : "J’ai voyagé pas mal l'été pour l'équipe, donc ça m'a permis un peu de connaître déjà les déplacements. C'est comme une horloge suisse, tout est millimétré, tout est parfait. Tu n’attends jamais. Tu n’attends pas le bus, tu n’attends pas l'avion, les hôtels, tout est prêt. Et je pense que les services qui travaillent avec la NBA n'ont pas le droit à l'erreur à ce niveau-là, donc c'est vraiment un service exemplaire.

Ce sont des choses qu'on ne peut pas connaître dans une vie normale. Les hôtels, le fait d'arriver sur le tarmac, monter dans l'avion, de pouvoir voyager avec autant de valises qu'on veut. Tout est fait pour mettre les joueurs, mais aussi le staff, dans des conditions optimales. Maintenant, il y a les décalages horaires, il y a des retours assez tardifs de matches. D'un autre côté, on récupère ça quand on a des journées sans entraînement. Je ne vais pas me plaindre par rapport aux déplacements, j'en ai toujours rêvé."

Qu’est-ce qui t’impressionne le plus jusque’à présent ? 

V.M. : "Les moyens et le nombre de personnes qui travaillent dans l'ombre. C'est tout un organisme, mais comme je le disais, tu connais tes responsabilités, tu sais ce que tu peux faire, ce que tu ne peux pas faire, tu sais à qui tu dois t’adresser. S'il y a un grain de sable dans la machine, ça fout le bordel pour tout le monde. Donc c'est à ça qu’ils apportent beaucoup d’attention, notamment aux gens qu'ils engagent."

Le Thunder bénéficie d’une bonne image, celle d’une franchise saine. Tu confirmes ? 

V.M. : "On va dire que la création d'une identité est propre à chaque équipe NBA. La franchise essaie d'engager des personnes qui rentrent dans cette identité, dans la manière de communiquer. Et c'est ça le plus important, c'est que tout le monde travaille dans la même direction, sans compétition entre les membres. Le Thunder, c’est une structure humaine tant par le staff que par les joueurs.

Et de nouveau, ça rejoint un peu ce fait d'engager des joueurs qui rentrent dans le moule du Thunder. Ce sont des joueurs assez simples, qui ne sont pas encore au sommet de leur carrière. Mais ils sont sur la pente ascendante, ils doivent encore prouver, ils doivent encore travailler. Et c'est ça qui fait aussi que ces joueurs restent des êtres humains assez normaux, en comparaison à certaines autres stars NBA."

OKC est une franchise qui commence à faire peur aux autres, surtout pour les prochaines saisons. Cela se ressent au coeur de l’équipe? 

V.M. : "Il y a un engouement autour de l'équipe. On le sent, et quelqu'un qui connaît un peu le basket le voit directement. On sent qu'il y a un processus qui est intéressant, même sur ce début de saison."

Tu te vois où dans le futur ? 

V.M. : "Tant que je peux rester dans cette structure, je resterai. Je veux essayer de faire partie de, à mon avis, ce qui sera dans quelques années, une équipe compétitive pour le titre. Si ça reste comme ça, car il y a plein de facteurs qui rentrent en compte. Mais c’est spécial de pouvoir prendre part à ce processus qui ressemble un peu, et étrangement, à celui de l’époque avec Kevin Durant, James Harden et Russell Westbrook. Il n’a pas donné de bague, mais des Finales NBA. On sent qu'il y a quelque chose de similaire qui se crée maintenant. Tout le monde est un peu dans une spirale positive et on sent que quelque chose peut se passer."

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Mercredi 22 novembre

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