Rock Werchter : ne manquez pas Loyle Carner, l’homme qui réconcilie jazz et rap

S’il a peu de points communs avec les groupes de rock qui défilent d’habitude à Werchter, donc, il n’a pas non plus grand-chose de comparable à l’image qu’on se fait des rappeurs. Le bling-bling, très peu pour lui. La drill et les histoires de rues que s’approprient la majorité du rap londonien, il les laisse aussi de côté. Avec son flow décontracté et chaleureux, ce nice guy aborde des thèmes intimes voire politiques. Toujours avec authenticité.


 

Et ça paye : aujourd’hui, à 29 ans, Loyle Carner est devenu une référence au Royaume-Uni et collabore régulièrement avec le gratin de la scène néo-soul anglaise : Tom Misch, Jorja Smith, Jordan Rakei… Il fait le pont entre des influences et des univers différents : le jazz, la soul, le rap. Le résultat est riche et unique. Écouter Loyle Carner, ça réchauffe le cœur. De la musique positive et bienveillante.

Tout commence très jeune, pour lui. A 18 ans, il est déjà en première partie d’MF Doom à Dublin, avant même son premier EP. Il accompagne ensuite Joey Bada$$ sur sa tournée au Royaume-Uni et se retrouve en solo pour jouer au mythique Glastonbury Festival. La scène et les festivals, il connaît.

En 2017, après deux EPs, le premier album de Loyle Carner sort. Il s’appelle Yesterday’s Gone et c’est un énorme succès d’estime. The Independant le nomme album de l’année. Les critiques saluent le savant mélange entre des rythmes boom-bap, à l’ancienne, et des mélodies jazz. Le tout couplé à un phrasé éloquent et à une sensibilité débordante dans les textes. Quelques morceaux notables : Damselfly (ft. Tom Misch), Ain’t Nothing Changed, Florence (ft. kwes)

Deux ans et une tournée internationale plus tard, Loyle Carner prend un virant plus soul avec son deuxième album Not Waving, But Drowning. Les thèmes sont les mêmes, le travail dans les textes aussi. Le succès continue de grandir, notamment grâce à l’extrait Ottolenghi avec Jordan Rakei. Le morceau approche aujourd’hui les cent millions d’écoutes sur Spotify. Ottolenghi, oui : à côté de sa vie d’artiste Loyle Carner, est aussi professeur de cuisine et voulait rendre hommage à son cuisinier favori. Depuis plusieurs années, il organise des ateliers de cuisines gratuits pour les jeunes qui sont atteints d’un TDAH (troubles de l’attention), comme lui. Un autre succès de l’album, c’est son featuring avec Jorja Smith, Loose Ends.

Il revient en 2022 avec un troisième album, hugo, qui le fait rentrer définitivement dans la cour des grands. Le rappeur reste fidèle à sa ligne, tout en continuant à innover sur la musicalité de ses morceaux et en assumant ses influences jazz qui ont forgé sa réputation. Et cette fois-ci, il range son image de gentleman : Loyle Carner assume un visage plus sombre et plus engagé. Les thématiques sont plus politiques : le racisme ordinaire, le système éducatif, l’ascenseur social bloqué. Produit entre autre par Madlib et Alfa Mist, hugo est considéré par les fans de Loyle Carner comme son chef-d’œuvre. Le puissant extrait Hate reflète tout ça en plus encore.

Loyle Carner joue dimanche 7 juillet à 18h55. Foncez-y !