Divan 52' reçoit les voix de Brice Depasse et Martin Spinhayer
Pour ce dixième épisode de Divan 52’, Maxime Demière accueille deux voix, non pas de la chanson, mais du cinéma et de la radio. Voici Brice Depasse et Martin Spinhayer. Vous ne les connaissez peut-être pas physiquement, pourtant vous les avez déjà entendus quelque part. Revenons sur leur métier de l’ombre et son évolution.
Dans ce dixième épisode de ‘Divan52’’, Maxime Demière reçoit sur son canapé deux personnalités dont la voix vous sera familière. Brice Depasse et Martin Spinhayer sont venus échanger sur leur métier qui se trouve loin du feu des projecteurs, mais qui grâce à leurs cordes vocales a garni admirablement leur CV. Et même si nos deux invités ne se connaissaient pas directement, l’un a déjà entendu l’autre et vice-versa. Leur travail s’est déjà croisé, dans le documentaire ‘Plastic Bertrand, L'histoire d'un rêve’. L’un invité pour témoigner, l’autre pour faire la voix off. Pour la première fois, ils prennent le temps de se rencontrer et de découvrir qui se cache derrière cette voix. Les mots ‘Prémisses’, ‘Coulisses’ et ‘Reconnaissance’ permettront de retracer leur carrière inédite.
Le premier est journaliste et animateur radio, il présente au quotidien la ‘Story Nostalgie’ qui permet aux auditeurs de revivre ou de découvrir des moments d’anthologie du cinéma, de la musique et de la télévision. L’occasion également d’écouter des anecdotes inédites sur les plus grands artistes. Selon Maxime, il est un peu le "Wikipédia de la musique". À ses côtés, on découvre la voix française de Sean Connery dans ‘Highlander, le retour’, Hank Thunderman dans ‘Les Thunderman’, le directeur du Daily Bugle dans ‘Ultimate Spiderman’. Son timbre grave lui a permis de prêter sa voix aux plus grands méchants du petit et grand écran.
Des métiers loin du glamour
À travers les 52 minutes du talk-show, nous remontons jusqu’aux origines de leur profession pour voyager jusqu’à maintenant. Quand le premier découvre son métier insolite de doubleur sur le sol belge, il va sonner, faire du porte-à-porte dans tous les studios présents en Belgique, l’autre se crée sur "le tard". La radio telle qu’on la connaît aujourd’hui est arrivée après 1999. "La radio, elle parlait, de temps en temps on jouait un disque, mais sinon tous les animateurs étaient là pour parler, c’était très sérieux", explique l’un des fondateurs des deux radios nationales ‘Joker FM’ et Contact2’. "On écoutait les radios périphériques françaises et la rare émission de rock qu’il y avait le soir sur la RTB".
Et puis, il y a eu une floraison de radios libres qui sont apparues dans toutes les villes de Belgique. "Il y avait qu’un ou deux micros sur la bande FM, du coup on ne s’imaginait pas faire de la radio". En tant qu’étudiant, les disques sous le bras, le futur journaliste propose de faire des émissions auprès de ‘Radio 081’ à Namur, avant que l'onde devenienne Radio Contact. "Le studio était dans un placard (…) on avait juste l’opportunité de se glisser entre la table et le mur. On avait juste la console, les deux platines et un micro et on faisait notre émission".
Martin se reconnaît à travers ce genre d’endroits improbables où il doit enregistrer."Il y a des studios qui sont à peine des studios, on me donne une adresse pour faire de la pub ou pour faire autre chose comme enregistrer un documentaire (…). Parfois, tu arrives, c’est une maison un peu délabrée, ça m’arrive aussi pour les castings visuels, tu sonnes c’est dans l’arrière cuisine, les caméras au poing et tu te dis qu’est-ce que c’est que ce métier, qu’est-ce que je fous là".
Les enregistreurs
Déjà enfants, nos deux invités s’amusaient à enregistrer leur voix sans pourtant rêver de cette vocation. Pour l’acteur, il s’enfermait dans sa chambre à 12 ans avec le dictaphone de sa soeur et ouvrait les pages d’un livre pour les lire à haute voix. "Et puis, je faisais écouter à mes frères et soeurs par exemple en leur demandant ‘qu’est-ce que vous en pensez ?’ Je trafiquais ma voix, parce que j’écoutais les chroniques judiciaires de Frédéric Pottecher et les histoires de Pierre Bellemare évidemment, et puis j’essayais de les imiter. Il se fait que mes frères et soeurs ne reconnaissaient pas et c’était pour moi le meilleur compliment".
De son côté, Brice Depasse n’avait jamais imaginé faire de la radio dans sa vie. Malgré cela, il se rappelle de son enfance, où il s’enregistrait sur des radios cassettes SL 58 Panasonic avec un micro incorporé. " En effet, j’enregistrais des disques et je faisais la présentation du disque et puis je mettais le disque sur la cassette. J’étais jeune, mais je faisais comme à la radio en fait".
Dans l’ombre des stars
À l’université déjà tout ce qui intéressait le journaliste, c'était de faire connaître ce qu’il aimait. "J’avais cette envie de partager et cette envie je l’ai gardée. Pour moi la meilleure des reconnaissances, c’est quand on me dit : ‘ah vous avez fait la story sur un tel, je suis allé écouter l’album et j’ai vraiment adoré ça’. Et je me dis s’il y en a 1 pour 1000 qui le fait, c’est déjà gagné ».
Et même si vous reconnaissez leur voix entre 1000, vous seriez incapable de les identifier dans la rue. C’est une popularité sans visage. "La reconnaissance c’est quelque chose pour laquelle on est privé dans le métier que j’exerce", explique celui qui a été la voix de Sean Connery. Acteur de formation à la base, Martin Spinhayer a fait quelques apparitions dans des films et séries. Aux côtés de Jean Reno, Christian Clavier et Franck Dubosc, il décroche un petit rôle dans le troisième volet de ‘Les Visiteurs : La Révolution’. "J’étais le mec pas connu".
Se considérant comme "acteur de l’ombre", il raconte ne jamais mentionner qu’il fait du doublage lors d’un casting pour un rôle visuel. "Ce n’est pas honteux, mais ça n’intéresse personne (…) Ce n’est pas quelque chose qui valide votre talent". Selon lui, les grands acteurs de doublage ne sont presque jamais ou pas du tout à l’écran. Être la voix de quelqu’un peut devenir un "handicap" si le doubleur à l’intention de faire carrière en tant qu’acteur visuel parce que dès qu’il ouvre la bouche il est immédiatement associé à une célébrité ou à un certain rôle.
L’évolution grâce à internet
Depuis l’avènement d’internet, les doubleurs sont de plus en plus sollicités par le public, notamment dans le milieu du manga et des jeux vidéos où les acteurs sont invités à donner des conférences lors de conventions. Cela permet en plus de partir à la rencontre du public, de tisser un lien avec celui-ci.
Les différents formats de consommation de films, séries ou encore de la radio ont évolué ces dernières années. De plus en plus de personnes préfèrent regarder les versions originales, mais avec l’arrivée des plateformes de streaming, il y a une plus grande demande de doublages. "Tout doit être doublé dans une vitesse folle", précise le concerné.
De son côté, Brice Depasse a pu développer un nouveau genre pour faire de la radio grâce aux possibilités infinies qu’offre Internet. Le journaliste a été le premier à lancer les interviews podcast dans le monde francophone. En 2003, on lui avait posé la question : "Ça ne t’embête pas de faire 25 minutes d’interview et d’en diffuser que 30 secondes sur antenne ? Et si on mettait toute l’interview en podcast sur internet ?". Très vite, les francophones du monde entier se sont réunis sur le site de Nostalgie pour écouter ce nouveau format. Un tel engouement a conduit la radio à changer même ses serveurs.
Ce qui est toutefois paradoxal avec nos invités, c’est qu’ils ne consomment pas leur gagne-pain. L’animateur radio évite comme la peste d’écouter les podcasts de ses collègues par peur de se laisser influencer et d’imiter leurs intonations ou styles. « C’est une chose terrible, je ne veux plus me faire influencer parce que j’ai entendu certaines intonations chez Delahousse qui sont exactement les miennes, et je me dis ça ne peut être que lui qui m’a influencé et pas le contraire ou alors c’est le hasard ». Le doubleur de voix est quant à lui un fan d’actualité et d’émissions politiques, la fiction ne fait pas partie de son passe-temps. Il regarde très peu de séries et films.
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