Fusion, coaché par Agustín Galiana, a éclaboussé 'The Dancer' de son talent : "Ils ont l'esprit des Jeux olympiques"

Cinéma | Le duo Fusion, représenté par Kevin Pilette alias Pilou et Saléna Baudoux, est sorti grand vainqueur de la toute première saison de 'The Dancer', émission diffusée sur La Une et qui était à la recherche du meilleur danseur de Belgique. Pickx a eu la chance de s'entretenir avec le talentueux couple mais aussi avec leur coach Agustín Galiana.

De Pickx

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Bonjour Pilou, Saléna et Agustín ! Toutes nos félicitations ! Ma première question va à Monsieur Galiana. Si vous deviez résumer l'émission 'The Dancer' en un film, en tant que comédien, lequel choisiriez-vous ?

Agustín Galiana : "Peut-être 'Apocalypse Now' ! Il y a tellement de mots qui définissent cette émission que la réduire à un film ça me parait toutefois compliqué. Ca pourrait être une comédie romantique parce qu'il y a beaucoup d'amour dans l'émission. Mais aussi un film d'horreur si on se rappelle de la blessure que l'on a vécu avec Pilou et qui aurait pu sonner la fin de l'émission pour eux. Ou encore un thriller parce qu'à la fin de l'émission il y a eu un moment où il y a eu beaucoup de tension pour tous les candidats."

Coup de coeur d'Agustín Galiana, meilleures notes des demi-finales et encore au top niveau en finale... On peut dire que la victoire est largement méritée pour vous Pilou et Saléna !

Pilou : "Nous avions dès le départ la volonté de viser la gagne pour mettre un maximum d'énergie dans cette émission, dans ce challenge, parce que c'est ce qu'on fait dans nos vies aussi. La réussite passe également par le fait de se fixer un objectif. Peu importe les embûches. C'est l'école de la vie. On le sait que c'est comme ça dans tous les corps de métier, il ne faut jamais baisser les bras et toujours y croire. C'est d'ailleurs dans la difficulté que l'on apprend le plus. Je prends l'exemple de la chorégraphie des sangles et de ma blessure en répétition. Cela a amené un petit côté magique dans l'exécution du tableau."

A.G. : "C'est aussi des compétiteurs. C'est un couple qui s'est présenté à beaucoup de championnats, qui a fait beaucoup de concours, et ils ont vraiment l'esprit des Jeux olympiques. Ils veulent toujours prendre des risques, ils essayent de se challenger. Il y a toute une histoire derrière dont on ne peut pas se rendre compte. Ils font les choses tellement facilement que l'on en oublie les risques qu'ils prennent."

L'étiquette de favori, qui vous a rapidement collé à la peau, a-t-elle été facile à porter ?

P. : "C'est vrai qu'au début, les votes ont été en notre faveur et nous avons eu ce rôle de favori. Mais il n'y avait "que" 650 personnes du public qui votaient à ce moment-là. Ca a été beaucoup plus impressionnant lorsque ce sont les téléspectateurs qui ont eu leur mot à dire."

Saléna : "Sur les réseaux, on sentait que l'on était soutenu mais on ne s'est pas accroché à ça. Ceux qui nous ont donnés beaucoup de soutien n'allaient pas forcément voter pour nous. Donc il y avait quand même encore ce point d'interrogation de savoir si on était vraiment les favoris du public ou non."

A.G. : "Tout le monde disait que ça allait être les gagnants mais les gens auraient pu se dire aussi que Fusion n'avait pas besoin de leur vote. Pilou et Saléna ont toutefois été tellement forts qu'ils ont réussi à dépasser ça."

La maturité a également pris le pas sur la jeunesse dans cette finale où William et la Yuka Dance Academy, les deux plus belles révélations et éclosions de l'émission, ont finalement dû courber l'échine...

P. : "Agustín a eu des mots très justes en disant que c'était la danse qui a remporté cette émission. La danse dans sa maturité, dans sa technicité, dans sa performance..."

S. " : Et c'est vrai que nous ne savions pas quelle casquette le public allait choisir. Est-ce que c'est un danseur abouti ou un danseur prometteur qui avait une meilleure évolution ?"

A.G. : "Le public aurait pu effectivement choisir la révélation de l'émission, celui ou celle qui a le plus progressé, mais il a finalement choisi 'The Dancer'."

Águstin, vous n'avez pas non plus hésité à donner des challenges incroyables à Fusion pour qu'ils sortent de leur zone de confort...

A.G. : "Effectivement, je les ai mis en danger. Mais j'ai surtout jeté un oeil à la carrière de Pilou et Saléna, je me suis intéressé à eux et j'ai remarqué quelques éléments qu'ils avaient déjà intégrés à leurs danses, comme les sangles, et j'ai voulu fusionner ça à leur mélange de hip-hop et de jazz contemporain. En ce qui concerne le thème de la pluie, je savais que ça allait faire un tableau hyper fort et poétique avec eux."

P. : "C'était un vrai partage, un vrai échange. Je ne pense pas que ce soit intéressant pour un coach de mettre en difficulté ses candidats. Il aurait pu nous demander de danser avec des patins à roulettes mais ça na pas d'intérêt (rires). Tous les coachs ont été en général dans le sens de leurs candidats. Le but c'est avant tout de les embellir et de les mettre au top niveau."

Malgré tout, cela ne vous met pas à l'abri de certaines blessures comme vous avez pu le constater encore lors des demi-finales. Comment faites-vous pour avoir ce mental qui vous permet de vous relever à chaque fois et de rester compétitif même à 36 ans ?

P. : "Compétitifs, on le restera tant que l'on continuera à faire de la scène et à s'exposer. Tant que je juge pouvoir le faire, il faut aller jusqu'au bout : The Show Must Go On. En ce qui concerne les blessures, j'ai eu foi à un moment de me dire que l'esprit, la pensée, peut aussi guérir. Je ne devais déjà plus danser il y a quatre ans d'ici si j'écoutais les diagnostics des médecins. Mais j'ai eu 6 mois de rééducation, de stretching, de renforcement, de travail mental... et on a changé un peu notre fusil d'épaule en nous recentrant un peu sur nous-même, sur notre couple. À un moment donné, tout passait par les compagnies, par les voyages, etc."

S. : "L'esprit peut faire effectivement beaucoup, le mental aussi. Ca fait traverser des barrières."

P. : "Sur la fin, dans la compétition 'The Dancer', j'ai d'ailleurs été un peu parasité par des soucis extérieurs et ça a dû jouer sur mon corps. Mais Agustín, par exemple, a été le premier à nous soutenir."

Vous évoquiez  il y a peu le rôle d'Agustín qui a avant tout été un coach de vie pour vous à la différence des autres candidats qui attendaient plus des conseils pros de la part d'Aurel Zola et de Laurien Decibel...

P. : " C'est effectivement là que l'on sent le travail, que l'on voit la maturité ou l'intelligence chorégraphique. À partir du moment où l'on s'est dit que l'on devait intégrer Agustín dans notre duo en finale, il fallait qu'il soit véritablement intégré. Il devait être dans nos codes, comprendre notre logique... On lui avait un peu mâché le travail avant qu'il arrive en studio et il a adoré la base qu'on avait installé. On a échangé, on s'écoutait et on prenait des décisions à trois. C'est ce qui fait qu'il y a un vrai trio. On a vraiment posé un squelette et on l'a habillé ensemble."

S. : "On est arrivé à deux avec l'image que l'on était capable de fusionner. Et il fallait que ce soit la même chose pour le trio. C'est notre monde artistique donc on ne pouvait que l'intégrer dans notre duo."

Est-ce qu'il vous était déjà arrivé de performer avec une autre personne ?

S. : "Oui, bien sûr et en solo aussi ! Bien que ce soit toujours ensemble dans les mêmes spectacles."

Quelles sont les difficultés à être en couple à la vie comme à la scène ?

P. : "Il y a un seul moment de la vie de notre couple où cela a influé, c'est à une période où j'ai eu du mal à accepter ma vieillesse, ma transition. J'étais vraiment dans un dark mood. Je voyais des jeunes en répétition de 22-23 ans qui performaient et qui tenaient des semaines de répétition, avec des 7-8 heures de travail par jour, et je me rendais compte que mon corps ne voulait plus. Et je voyais aussi que ma compagne, qui est plus jeune que moi, pouvait encore suivre cette route. Il y avait des pièces où je voyais Saléna danser mes chorégraphies avec d'autres danseurs. Mais en dehors de ça, le fait d'être en couple est positif car nous avons tous les deux l'amour de la danse et nous sommes alignés dans nos objectifs de vie."

Imagineriez-vous vivre votre passion chacun de votre côté ?

S. : "C'est déjà arrivé lorsque Pilou était dans un bad mood qui a duré de nombreuses semaines. Et je lui ai dit que je ne pouvais pas plonger avec lui."

Cet aspect émotionnel de Pilou est d'ailleurs beaucoup ressorti dans l'émission. C'est plutôt rare, même si c'est une bonne chose, pour un homme d'exprimer autant ses émotions...

S. : "Je dirais que c'est lié à l'âge parce qu'avant ça ne lui arrivait pas (rires)."

P. : "C'est vrai qu'avant ça ne m'arrivait pas. Mais il y a aussi une saveur en plus quand on avance. Ce qui est marrant, c'est que maintenant on peut regarder derrière. Il y a une forme de nostalgie parfois qui s'installe. Dans ce processus de guérison, il y a aussi un travail de développement personnel qui permet de se rendre compte que les émotions il faut les vivre à fond. Ca ne sert à rien de les garder. Quand j'ai besoin de pleurer, je ne vais pas me forcer à ne pas le faire pour garder l'image selon laquelle les hommes ça ne pleure pas. Je peux pleurer personnellement devant un film ou devant un dessin animé. Et celui qui me juge n'a pas compris. Les émotions sont là pour les vivre."

Revenons-en à Agustín. Comment le corps se porte-t-il après les prestations incroyables de la finale de 'The Dancer' ?

A.G. : "Mal ! J'ai en fait très mal vécu le début des répétitions. J'ai répété trois heures et demie avec Pilou et Saléna mais aussi trois heures et demi avec William. Et du coup, c'était très difficile pour moi de dormir avec toutes les douleurs que j'avais. Cela faisait six ans que je n'avais plus dansé à ce niveau. J'ai seulement repris la salle de sport il y a un mois et ce ne fut pas facile. Et j'ai vraiment compris aussi pourquoi Fusion arrivait toujours avec mille objets pour prendre soin de leur corps (rires)."

Impossible de clôturer cette interview sans évoquer le cas du jeune William. Est-ce que l'on peut dire pour lui que 'Ici tout commence' ? 

A.G. : "Évidemment ! Tout commence pour lui parce qu'il a été l'une des révélations de cette émission. Surtout pour le public qui l'a adoré tout de suite. Je pense que ça l'a poussé aussi à évoluer, à progresser et à se mettre en danger. Dans la danse que nous avons fait ensemble, il y avait également une grande prise de risque. Que ce soit les portés ou le reste, le gamin il envoyait aussi du lourd. Je suis très fier du parcours et de l'évolution qu'il a eu. Sur le plan émotionnel également. Il a pris une vraie assurance au fur et à mesure. Sa chorégraphie d'audition reproduite en finale a montré qu'il n'était plus le même. Et c'est la force de cette émission, de transformer et d'amener plus loin des candidats comme lui."

P. : "Nous avons eu des retours selon lesquels il y avait une petite influence Fusion dans leur duo d'ailleurs !"

A.G. : "Effectivement ! William dit d'ailleurs d'eux que ce sont ses mentors. Pour lui, c'était un rêve d'être en finale avec des pointures de la danse comme eux ou comme The Movement Theory."

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